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Christian Chanliau.overblog.com

Culture et Religiion

Quatrième dimanche de l'Avent C

Publié le 19 Décembre 2015 par Christian Chanliau

Il n'est rien de pénible dans nos vies que, d'une certaine manière, Marie n’ait éprouvé avant nous, et ce, dans la nuit de la foi. Dans bien des familles, depuis des siècles, il y a eu des mariages célébrés après la conception du premier enfant. Souvent alors, on éloignait la jeune fille enceinte. Pourquoi ne pas imaginer que cette situation ait été celle de Marie dont nous apprenons, en lisant les Évangiles de Matthieu et de Luc, qu'elle attendait un enfant avant d'avoir vécu avec son époux, Joseph ? Reconnaissons donc clairement que Marie s'est trouvée dans la situation difficile de bien des jeunes femmes. Prenons alors à la lettre ce qui nous est dit par l'Évangile de Luc :

Marie s'en va en hâte chez une parente, à la montagne. Cet usage, dans un temps où l'on n'appliquait plus avec rigueur la peine de mort pour les femmes infidèles, impliquait cependant que celles-ci aillent dans leur parenté comme servante, puisqu'elles devaient payer leur « faute. » « Marie entra dans la maison et salua Élisabeth. »

Regardons-la approcher sa cousine enceinte de six mois. Car alors que tout bascule. Élisabeth, la grande dame, épouse d'un prêtre qui occupe un certain statut au Temple de Jérusalem, ne considère pas sa jeune parente comme une adolescente dans l'embarras à qui elle fait la charité. L'Esprit Saint fait danser d’allégresse le petit Jean-Baptiste dans son sein. Elle est à son tour envahie par l’Esprit et honore la jeune fille de Nazareth du titre inouï de « Mère du Seigneur », lui révélant du même coup sa mission et sa dignité. Et tout aussitôt elle s'émerveille de sa foi : « Heureuse celle qui a cru à l'accomplissement des paroles du Seigneur. » Car Marie est passé par une terrible épreuve. Elle n'a pas pu ne pas éprouver les craintes que connaissent toutes les femmes qui attendent un enfant : Que sera-t-il ? Comment sera-t-il élevé ? Elle a ressenti l'angoisse qui habite tant de femmes seules aujourd'hui et qui ne savent pas ce que fera le père de l'enfant qui vient.

Plus encore !

Qui, alors, pouvait croire une jeune fille enceinte qui déclarerait que l'enfant qu'elle porte ne vient pas d'une relation avec un homme ? Nous imaginons déjà les remarques grossières...

L'éloge de sa foi que lui rend Élisabeth brise le mur des évidences. Quoi de plus nécessaire à entendre aujourd'hui où la situation des chrétiens dans le monde est d'une grande précarité ? Je ne pense pas seulement aux chrétiens d'Orient ou en Inde. Ici, chez nous il est bien ardu pour un jeune de dire sa foi sans attirer la dérision.

Dans notre société de consommation, il est bien incommode d'oser dire que l'on espère en une vie de relation avec Dieu (la vie éternelle), dont les valeurs ne sont pas celles de l'argent ou du plaisir immédiat. Il est bien malaisé dans une société de compétition, où règne le cynisme du marché et l’individualisme forcené, de résister à des compromissions quasi nécessaires pour faire carrière...

Marie est le modèle de notre foi, une foi ardue, une confiance difficile, qui demande du courage et de la force pour traverser les épreuves de la vie et pour, en toutes circonstances, prendre la voie de l'amour qui réponde à l'amour de Dieu. Il nous est bon à quelques jours de Noël, avant de nous émerveiller avec les bergers et les mages, de contempler le chemin raboteux de Marie et de partager aussi sa joie d'être accueillie et d’être confirmée dans sa mission par « les paroles qui lui furent dites de la part de Dieu ». Oui, croire est la source d’une joie que le monde ne saurait nous ravir.

Quatrième dimanche de l'Avent C
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